Nous, personnalités et organisations LGBTI, nous opposons à la réforme des retraites

par le Collectif les inverti·e·s | publié par Têtu

Alors que la mobilisation contre la nouvelle réforme des retraites présentée par le gouvernement commence cette semaine, les 19 et 21 janvier, de nombreuses organisations et personnalités LGBTQI+, alertant sur les fragilités spécifiques au sein de la commu face à la vieillesse, appellent à la soutenir « pour une retraite radieuse des LGBTI ».

Nous, personnalités et organisations LGBTI, nous opposons à la réforme des retraites que vient de présenter le gouvernement pour reporter l’âge de départ à 64 ans et accélérer le passage à 43 annuités afin de bénéficier d’une retraite à taux plein.

Si cette réforme est appliquée, elle sera nuisible pour tous·tes les futur·es retraité·es. Elle sera particulièrement néfaste pour les LGBTI, car nous sommes encore plus vulnérables que le reste de la population face à la vieillesse.

En effet, le grand âge est souvent synonyme d’isolement et nous sommes beaucoup à ne pas avoir de soutien à cette étape de nos vies, à cause du potentiel rejet des familles où nous sommes né·es mais aussi de la privation du droit de créer nos propres familles. Or, la famille est une structure d’appui primordiale au moment de la retraite, en particulier en cas de perte d’autonomie. Ses membres, quand ils ont le temps et l’argent, peuvent assister les plus âgé·es en les aidant à leurs domiciles, en les accueillant dans leurs foyers ou en finançant l’hébergement en EHPAD. Mais la construction de nos familles a été prohibée pendant des générations avec l’inégalité de nos droits au mariage, à l’adoption et à la procréation et la stérilisation forcée des personnes trans pendant de nombreuses années. De nos jours, ces droits sont encore instables à cause des discriminations dans les procédures d’adoption ou des difficultés d’accès à la PMA, toujours interdite pour les personnes trans. 

Avec la nouvelle réforme des retraites, nous allons devoir travailler plus longtemps, ce qui dégradera nos conditions de santé, ou partir avant d’avoir toutes nos annuités, ce qui réduira nos pensions. Face à ces régressions, nous n’avons pas les mêmes possibilités de s’appuyer sur la solidarité familiale, ce qui nous fragilise davantage quand nous arrivons à la retraite.

Le monde du travail a été et est toujours trop souvent un environnement hostile pour les LGBTI : les discriminations persistent et peuvent influer tout au long de la vie sur notre situation professionnelle. Des études démontrent que les inégalités salariales subsistent pour celles et ceux qui font leur coming-out en milieu professionnel et cela se répercute sur les montants de nos retraites. De l’orientation professionnelle en milieu scolaire aux évolutions de carrière, en passant par les difficultés d’accès à l’embauche, le parcours de vie des LGBTI est jalonné par les violences subies, allant jusqu’à l’exclusion de l’emploi avec des périodes de chômage qui impactent nos durées de cotisation. Les personnes vivant avec le VIH, les personnes trans ou les personnes racisées sont encore plus exposées à ces refus d’embauche, ruptures de carrières et difficultés d’évolution professionnelle. Une retraite à taux plein devient alors presque impossible et nous condamne souvent à nous contenter d’une pension à taux réduit.

Les femmes sont fortement touchées, surtout si elles sont lesbiennes ou bisexuelles : en plus d’être moins bien payées, elles sont davantage concernées par les temps partiels et les pauses dans leurs carrières. Leur retraite, déjà largement inférieure à celle des hommes, s’en verrait encore réduite si la réforme venait à passer. En outre, quand elles en ont eu la possibilité, elles ont quelquefois arrêté de travailler pour s’occuper de leurs enfants.

Tous ses paramètres fragilisent nombre de parcours professionnels mais aussi l’espérance de vie « en bonne santé », entraînant de fortes inégalités sociales au moment d’accéder à la retraite. La nouvelle réforme, si elle venait à être appliquée, renforcerait les effets délétères de ces mécanismes et viendrait accentuer notre précarité.

La retraite est pourtant un stade indispensable de nos vies : temps de repos bien mérité après avoir tant travaillé, elle n’est pas nécessairement une période d’inactivité. Beaucoup d’entre nous n’ont malheureusement pas pu y arriver du fait de de la pandémie de VIH/Sida, ou à cause du taux de suicide qui reste très élevé chez les LGBTI. Il reste donc tant à inventer sur les formes que peuvent prendre la retraite dans nos communautés. Beaucoup de retraité·es décident d’avoir un engagement bénévole et nous pouvons par exemple penser cette étape en s’investissant dans une association d’auto-support ou de lutte contre les discriminations. Par ailleurs, les représentations de personnes LGBTI âgées sont quasiment absentes dans notre société. En vieillissant, nous sommes petit à petit invisibilisé·es et nous devons également nous questionner sur nos propres mécanismes internes qui amènent à cette situation. 

Il nous faut recréer du dialogue et de la solidarité entre les générations pour participer à la transmission de notre histoire commune, de nos récits de vies et de nos pratiques militantes. Tant d’actions sont à imaginer : pour les réaliser, nous avons besoin d’une retraite en bonne santé, avec suffisamment d’argent pour la vivre dignement et en profiter. 

C’est pourquoi nous nous mobiliserons parmi tous·tes les salarié·es, étudiant·es, retraité·es et sans emploi dans toutes les initiatives pour lutter contre cette nouvelle réforme des retraites en commençant par les manifestations des 19 et 21 janvier. 

En combattant tous·tes ensemble, nous avons la capacité de faire reculer le gouvernement. Nous pourrions même aller plus loin en regagnant la retraite à 60 ans, avec 37,5 annuités afin d’obtenir enfin une victoire et nous redonner espoir dans un avenir désirable.

Signataires

Organisations
Act-Up Paris
arcENSiel (Lyon)
Assemblée Féministe Montreuil
Association Fransgenre
Barbi(e)turix
bonjour madame, Bar féministe et queer
Centre LGBTQI+ de Paris-IdF
Centre LGBT de Rennes
CIEL (Clermont-Ferrand)
Collectif archives LGBTQI+
Collectif Super Saphique
Commission LGBTI du Nouveau Parti Anticapitaliste
Commune Vision (Rennes)
Coordination Féministe
Couvent de Paname des Sœurs de la Perpétuelle Indulgence
Exaequo (Reims)
FC Paris Arc-en-ciel
Fédération sportive LGBT+
Féministes Révolutionnaires
FièrEs
Fransgenre
Friction Magazine
Gouinema, Ciné-club entre personnes queers sur ParisGroupe thématique LGBTI de la France Insoumise
HES LGBTI+
Inter-LGBT
La Fabrique Flamboyante
La Flèche d’Or, Lieu politique, culturel et solidaire
La Mutinerie, Bar queerféministe
Label Gouine
Les Dégommeuses
Les Inverti·e·s
Organisation de Solidarité Trans (Tours)
Ouest Trans
Paris Queer Antifa
PD La Revue
Pride des Banlieues
Q.U.E.E.R Auvergne
Queer Education
Queers Parlons Travail
Smash+ Volleyball
Sous Les Shorts
STRASS
Support-T (Montpellier)
Transat (Marseille)
Union Communiste Libertaire

Personnalités
Alexis Langlois, Réalisateur
Ali Aguado, Militant pour les droits des trans et directeur d’établissement médico-social
Amand Songe, Drag king
Anaëlle Pourteau, Militante Nous toutes Paris 9/10/18
Andy Kerbrat, Député La France Insoumise – NUPES
Anthony Poulin, Adjoint à la maire de Besançon (EELV)
Apollon d’Angelo, Drag king
Arthur Rainbow, Drag king
Aurore Koechlin, Autrice et militante féministe
Babouchka Babouche, Drag queen, femme politique et mannequin
Barbara Butch, DJ
Calypso Overkill, Drag queen
Cecil Lhuillier, Activiste féministe, droits des LGBTQI et des TDS
Charleeps, DJ et productrice
Charlotte Flores Rosales, Journaliste freelance et militante anarcha-féministe
Claire Pinsart, Éducatrice spécialisée à Orizon LGBT+ (Réunion)
Claude-Emmanuelle Gajan-Maull, Mannequin et militante transféministe
Clémence Trü, Drag queen
Dominique Ganaye, Militant LGBTQI+, ActUp Paris, représentant des Usagers COREVIH Bourgogne Franche Comté
Élisa Koubi, Co-présidente de l’Inter-LGBT
Élodie Petit aka Gorge Bataille, Poète
Elsa Aloisio, Scénariste et réalisatrice
Emily Tante, Drag queen et militante
Éric Arassus, Président de la Fédération Sportive LGBT+
Étienne Jeannot – Jeanne, Artiste gay non binaire, modèle, drag, seul·e en scène, impro
Eva Vocz, Chargée de plaidoyer d’Act Up-Paris et travailleuse du sexe
Fanny Baklouti, Bureau de la commission LGBTQIA+ d’EELV
Fatima Daas, Autrice
Flavien Mourlam, Agent commercial SNCF, délégué syndical SUD-Rail
Fred Bladou, Activiste sida et drogues
Gabrielle Richard, Sociologue du genre
Gérald Kurdian, Musicien·ne
Gianfranco Rebucini, Chargé de recherche au CNRS et militant queer
Guillaume Durand, Secrétaire régional adjoint d’EELV Île-de-France et adjoint à la Maire du 14ème arrondissement de Paris
Habibitch, Artiste et activiste
Hanane Ameqrane, Maman lesbienne de l’immigration et des banlieues, membre du réseau Marche Féministe Antiraciste, Sud éducation 93
Irene García Galán, Autrice et militante féministe
Ixpé, DJ & organisateur de soirée
Jakob The King, Drag king
Jean-Baptiste Lachenal, Bureau de la commission LGBTQIA+ d’EELV
Jean-Luc Romero-Michel, Adjoint à la maire de Paris en charge des Droits Humains, de l’Intégration et de la lutte contre les discriminations
Jean-Marie Hupel, Militant EELV
Jules Falquet, Professeure de philosophie à Paris 8
Juliet Drouar, Thérapeute, auteur
Lascar Wild, Drag king
Lewis Raclette, Drag king
Lexie Agresti, Militante et autrice
Lisa Granado, Artiste militante féministe
Louise Morel, Autrice
M Alex Mahoudeau, Docteure en science politique
Mahaut, Humoriste
Marc-Antoine Bartoli, Militant et coordinateur prévention d’Act Up-Paris
Marguerin Le Louvier, Auteur
Martin Dust, Icône
Mathieu Magnaudeix, Journaliste, Co-Speakerine de Mediapart
Mathilde Forget, Autrice
Matthias Parveau, Conseiller fédéral EELV
Maxime Crosnier, Militant EELV
Minima Gesté, Drag queen
Mirion Malle, Autrice et dessinatrice
Nathan Boumendil, Activiste contre le Sida
Néo Gaudy, Syndicaliste et activiste transféministe
Nicolas Framont, Rédacteur en chef de Frustration Magazine
Océan, Réalisateur
Olga Volfson, Journaliste et militant·e LGBTQI+
Pablo Legasa, Premier danseur à l’Opéra National de Paris
Pablo Pillaud-Vivien, Rédacteur en chef de Regards
Paul B. Preciado, Philosophe
Philippe Mangeot, Enseignant et ancien président d’Act Up-Paris
PowerBeauTom, Drag king
Ray Goodspeed, Soutien international (Grande-Bretagne), membre de Lesbiennes & Gays Support the Miners 1984-85
Ruru Pepito, Pd militant
Sam Bourcier, Sociologue
Samuel Vétier, Syndicaliste CGT Paris 5/6
Sarah Persil, Vice-Présidente de Région Bourgogne Franche Comté et co-responsable de la commission LGBTQIA+ d’EELV
Sarah Roubach, Militante Génération.s LGBTI
Sébastien Tüller, Militant LGBTI+
Sergueï, Drag king
Shammy des Vices Junior, Drag king
Snake Ninja, Artiste danseur et influenceur queer
Soa de Muse, Artiste multidisciplinaire
Stéphane Gérard, Cinéaste
Tal Madesta, Journaliste et auteur
Tanguy Martinière « Lapop Lexomil », Comédien, drag queen, militant à Act Up Paris
Thomas Salgado, militant syndical CGT
Transterror, DJ
Veronica Noseda, Militante féministe lesbienne
Wendy Delorme, Autrice
Yohann Diard, Délégué CGT, membre de la direction du Syndicat CGT des cheminots de Versailles